Notre équipe et les bénévoles de l’ASVM, nos partenaires sur Mayotte, à l’aube après une nuit de patrouille sur la plage de Moya, désertée par ses gardiens. Devant l’affichage public du projet de cabane à 227 000 euros pour des gardiens qui ont depuis des années, abandonné les tortues aux braconniers. Cette nuit là, notre équipe a fait fuir deux braconniers.Mayotte : Encore une tortue braconnée hier soir sur la plage de Papani du fait de l’inaction des gardiens du Conseil départemental, toujours absents à leur poste

En effectif réduit cette année à cause des contraintes sanitaires, nos équipes présentes à Mayotte depuis début octobre pour protéger les tortues du braconnage ne parviennent pas à endiguer le phénomène.

En cinq semaines, nous avons fait avorter six tentatives de braconnage sur les plages de Papani, Moya et Charifou et nous avons protégé plus de 200 tortues.

Chaque nuit, nous parvenons à protéger à minima 4 plages en simultané du crépuscule à l’aube mais nous sommes contraints de faire des choix et tous les soirs, c’est la roulette russe pour les tortues.

La nuit dernière, nous patrouillions sur deux plages de Grande Terre et sur les plages de Moya 1 et 2 sur Petite Terre. Vers 22h00, notre équipe fait fuir deux braconniers armés de machette et de sac de riz (pour transporter la viande de tortue) sur la plage de Moya 2. Les gardiens du Conseil départemental, pourtant payés à temps plein avec l’argent public pour protéger les tortues sur ces plages avaient comme à leur habitude déserté leur poste, nous obligeant à rester mobilisés sur Moya 1 et 2 jusqu’au matin pour protéger les xx montées pour pondre. En effet, une tortue y a encore été braconnée pas plus tard que dimanche dernier.

Notre crainte qui s’est malheureusement avérée exacte était que les braconniers que nous avons fait fuir sur Moya 2 se rabattent sur une plage où nous étions absents. Au petit matin, nous sommes allés vérifier la plage de Papani que nous protégeons d’ordinaire chaque nuit pendant nos missions. Nous y avons découvert le cadavre d’une tortue tuée à la machette pendant la nuit, alors que nous faisions le travail des pseudos gardiens de Moya. La tortue a été d’abord retournée sur les dos, ses nageoires ont été sectionnées, et sa gorge a été tranchée. Les braconniers l’ont ensuite ouverte sur la longueur entre la carapace et le plastron.

« Pendant que les tortues meurent sous les coups de machette sur une plage « protégée », le Conseil départemental débloque 227 000 euros d’argent public pour la construction d’une cabane toute neuve pour ses “gardiens” qui depuis des années, ont abandonné les tortues à leurs bourreaux et qui laissent des bénévoles venant de métropole (à leurs frais) faire leur travail à leur place. C’est scandaleux » déclare Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France.

« C’est une situation ubuesque qui dure depuis trop longtemps. Le sang de cette tortue et celui de nombreuses autres est sur les mains des gardiens du Conseil départemental et de leur hiérarchie. Cette institution doit rendre des comptes sur son utilisation de fonds publics pour sa prétendue lutte contre le braconnage » poursuit Lamya Essemlali.

Pour rappel, ces mêmes gardiens avaient de leur propre chef décidé de se confiner en mars dernier, à une période où plus aucun touriste, ni gendarme ne fréquentait les plages. On avait alors dénombré plus de 45 tortues massacrées sur la seule plage de Moya en deux semaines.

Aujourd’hui, du fait des travaux de la nouvelle cabane des « gardiens », le Conseil départemental a complètement fermé l’accès de la plage aux voitures, rendant le site encore plus isolé. Les gendarmes eux-mêmes n’ont plus l’accès. Des conditions optimales pour les braconniers qui font redouter un carnage du même ordre que celui qu’on a connu lors du dernier confinement.

tortue retrouvée braconnée ce matin sur la plage de Papani. Crédit Sea Shepherd
Tortue retrouvée braconnée ce matin sur la plage de Papani. Crédit Sea Shepherd