Hier soir, l’une de nos équipes en patrouille sur la plage de Petit Moya est intervenue quelques secondes seulement avant que des braconniers n’assènent un premier coup de machette à une tortue en train de pondre.

Il fait nuit noire. Comme à notre habitude, nous sillonnons la plage de long en large tous feux éteints, équipés de caméras thermiques. Cette nuit sur Petit Moya, une seule tortue monte. Nous nous plaçons donc à une cinquantaine de mètres d’elle pour ne pas la déranger et attendons dans la pénombre qu’elle ait terminé tout en scrutant régulièrement la plage et les falaises avec la thermique.

Aucun bruit autour, tout semble tranquille, mais on tente un balayage avec la thermique en direction de la tortue. Deux hommes sortis de nulle part l’encerclent, l’un d’eux tend la main pour saisir une machette des mains de son acolyte. On braque le projecteur sur eux, puis une deuxième lumière et les braconniers se mettent à courir. Une course poursuite commence, on voit alors un troisième puis un quatrième braconnier. Tous fuient et nous décidons de rester auprès de la tortue. Nous appelons les gendarmes, deux arrivent dans un premier temps, puis deux autres viennent inspecter la plage et repartent après avoir échangé quelques instants avec nous. Une partie de l’équipe reste avec la tortue. Nos bénévoles monteront la garde toute la nuit sur plusieurs plages, jusqu’à ce que la dernière tortue venue pondre soit retournée à la mer saine et sauve. Les patrouilles qui peuvent ainsi durer jusqu’à 12 heures…

Malgré tous nos efforts, faute de moyens et d’effectifs, de nombreuses plages de ponte restent à ce jour sans protection. Nous ambitionnons d’être un jour en mesure de toutes les couvrir et de pouvoir enfin nous dire : “Cette nuit c’est sûr, aucune tortue n’a été tuée à Mayotte”.